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Vernissages, lancements, premières, célébrations... AMI-télé est sur le terrain et foule les tapis rouges!

 

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Une petite leçon de vidéodescription

Une-famille-regarde-la-télévision

Top 5 des meilleures pratiques en vidéodescription

Des critiques musicaux courent les salles de spectacle pour juger de la qualité d’un artiste, tandis que d’autres sont goûteurs pour tester la qualité des aliments. De mon côté, je contrôle la qualité de la vidéodescription chez AMI-télé. Tout ce qui arrive chez nous en termes de séries, de documentaires et de films, de L’Auberge du Chien Noir à CSI Manhattan, je l’ai regardé. 

Pour mes collègues, je suis celle qui rit ou pleure à longueur de journée en réaction à ma consommation excessive de télévision, mes écouteurs bien campés sur les oreilles. Et contrairement à ce qu’il semble être, mon boulot en est un d’équipe, si on compte toutes ces talentueuses personnes qui rédigent des scripts de vidéodescription qu’ils enregistreront par la suite. Je suis au bout de l’entonnoir, à tout lire et écouter, afin d’y apposer mes commentaires et mes corrections de VD (le petit nom pour vidéodescription). 

Au fil du temps, plusieurs normes ont été établies, toutes regroupées sous forme de guide des pratiques exemplaires en vidéodescription; un cumul de règles permettant de livrer la meilleure des VD. Il y en a des masses, vous seriez surpris.  En plus, chaque téléspectateur est unique, et puisque le but de l’exercice est de répondre à vos attentes, je dois également faire bon usage de mon jugement, de ma créativité et, surtout, me mettre constamment à votre place. Plusieurs choses ont été essayées question de convenir à ce large spectre d’appréciation et de goûts. Mais, comme ça arrive si souvent, on sait d’abord ce que l’on ne veut pas plutôt que ce que l’on veut. J’ai pu vous dresser un top 5 de ce qui demeure susceptible de vous faire changer de poste. À vous maintenant de voir si nous sommes au même diapason!

Ce que vous savez déjà

Lundi matin, à l’arrêt de bus, vous êtes là, sous des rafales de vent et de flocons, à grelotter par un moins quarante degré. La dame à vos côtés se tourne vers vous et entrouvre la bouche : Il fait pas beau, hein?

Quoi? C’est l’hiver et on gèle? En êtes-vous vraiment certaine, madame? –. Quand ce genre d’évidence nous pend au bout du nez, pourquoi en remettre une couche et nous dire ce que l’on sait déjà? L’histoire risque de se répéter en VD, alors je cherche frénétiquement mon bouton « supprimer » pour effacer une ligne qui, aux oreilles de tous, sera inutile à dire; une VD qui annonce la sonnerie d’un téléphone quand un téléphone sonne ou que Monsieur Chose rit lorsqu’il éclate de rire. C’est à moi de repérer les zones grises, comme une sonnerie de téléphone qui chantonne Despacito (-10 pour deviner d’où ça sort quand on ne voit pas et, surtout, pour l’originalité) ou lorsque Monsieur Chose a le rire d’un phoque hystérique (non, la scène ne se déroule pas au zoo). 

Gâcher l’émotion

Une scène touchante se doit de la rester. Il faut pourtant l’avouer, bien que la vidéodescription soit un outil d’accessibilité fort pratique, on en vient quelquefois à se détacher de l’intrigue en entendant cette troisième voix qui semble parfois sortir de nulle part. On use alors de finesse et de subtilité pour toutes scènes bouleversantes ou attendrissantes, simple question de ne pas anéantir l’ambiance générale. Un exemple?

-Fiston, je dois te dire quelque chose. 

Jean regarde son fils droit dans les yeux. Le fils l’observe.

-Qu’est-ce qu’il y a papa?

-J’ai…

Jean retient un sanglot. Il baisse les yeux. Puis les relève de nouveau vers son fils. 

-J’ai…

Jean renifle, le regard fuyant. Le fils retient son souffle.

-J’ai…

Jean pince les lèvres. Il relève de nouveau les yeux vers son fils.

On pourrait continuer longtemps comme ça alors que ce pauvre Jean a peut-être simplement les doigts coincés dans une porte. Un acteur a assez d’imagination pour rendre efficacement une émotion sans qu’une VD s’en mêle; par les soupirs, les sanglots, le trémolo dans la voix. Par les silences, qui sont lourds de sens. Bref, on aère pour laisser place à l’émotion.

Trop, c’est comme pas assez

D’où vient la pertinence de mentionner qu’un vase se trouve au fond d’un salon quand toute l’action se passe dans la cuisine? Ou celle de décrire le collier hors de prix d’une femme aux cheveux crêpés qui se trouve dans la cinquième rangée d’une salle de spectacle? En revanche, ce serait plus qu’apprécié de savoir qui joue sur scène. On perd rapidement le fil de l’histoire quand l’overdose de description nous martèle le tympan. On opte alors pour l’essentiel sans être non plus trop avare d’information. Il suffit de bien définir la ligne entre le trop et le pas assez. 

La VD « dans le tapis »

Sur le lot de commentaires reçus par les téléspectateurs, il y en a un qui apparaît plus souvent que les autres. On se questionne sur le volume de la VD qui semble parfois trop fort. Comme toute chaîne de télévision qui se respecte, une liste de spécifications techniques s’applique lors de la livraison. Quoiqu’il en soit, les techniciens de son doivent composer avec certaines séries qui datent plus que d’autres. Alors que certaines d’entre elles ont été réalisées et doublées quand les épaulettes et les riffs de guitares-claviers étaient encore à la mode, on en est à enregistrer dans des studios de son nettement plus perfectionnés qui parviennent à transformer la voix d’un adolescent en pleine mue en une voix de rossignol sur album. Et le voici devenu vedette. Pour la VD, il s’agit donc plus de clarté que de volume. L’enregistrement de la voix du narrateur est parfois plus limpide que le mix de l’émission. On demeure tout de même très attentif afin que tous les éléments sonores se combinent harmonieusement et que les ambiances ne baissent pas drastiquement pour laisser place à la voix du narrateur. 

Une question de rythme

En bon français, tout est question de timing. C’est comme, par exemple, tenter de rester zen lorsqu’on en train de raconter une histoire croustillante à souhait et qu’une personne lance haut et fort le punch avant qu’on ait pu le révéler soi-même. En ce qui concerne la VD, c’est parvenir à faire embarquer tous les téléspectateurs dans l’intrigue, au même moment : 

Jim lève son arme et tire. 

-Je suis venu pour me venger.

Pow!

Ça donne l’impression d’avoir regardé la scène en plein décalage horaire. Le résultat est pire si la VD annonce que Jim tire juste après avoir entendu le coup de feu. Il aurait suffi de subtilement glisser dans une scène précédente que l’homme avait une arme à feu sur lui. Il lance sa réplique si prévisible. On entend la détonation. La victime s’effondre au sol. Musique triste, du genre violoncelle. Le pauvre homme agonise avant de révéler le médaillon que sa défunte grand-mère lui avait donné et qui l’a miraculeusement protégé de la balle. Il est sauf, c’est un miracle. Et moi je regarde clairement trop la télévision. Mais j’aime mon boulot!

Pour en savoir davantage sur la vidéodescription.

 

 

AMI-télé était là!

avec Jessie Archambault